Retour sur Boréal ; SFF vs mainstream

La table ronde intitulée SF/F contre mainstream était probablement la moins intéressante à laquelle nous avons assisté. Parlez en à ma chère chérie ! Cependant, cette table ronde, combinée à d'autres discussions et à des observations personnelles m'ont amené à me poser certaines questions sur la place de la SF/F au Québec en général. En fait, je vais surtout parler d'horreur, car c'est le sujet que je connais le mieux (et c'est aussi le genre qui me tient le plus à coeur).

Ce qui est super de Boréal, c'est que ça réunit plein de gens qui ont des intérêts communs pour les genres et qui n'auraient pas l'occasion de se rencontrer sans un tel événement. En soit, c'est très cool. C'est super de se procurer plein de livres et de fanzines créés par des gens qui étaient présents. À ce que j'ai vu, le courant passe très bien entre les gens qui étaient là et chacun semblait intéressé par le travail des autres. Good !

D'un autre côté, quelques discussions (dont la table ronde mentionnée ci-dessus) m'ont amené à me demander comment tout ce travail superbe et toute cette passion pouvait rayonner ailleurs que dans ce cercle d'initiés: le cercle des passionnés des genres de l'imaginaire qui était à Boréal.

Ça me semble aller contre toute logique. Qui est l'auteur qui, après une demande extrême de la part des téléspectateurs, a été invité à Tout le monde en parle l'année dernière ? Patrick Sénécal, qui écrit de l'horreur extrême et graphique. Qui est l'auteur préféré de nombreux lecteurs ? Stephen King ! Juste aujourd'hui, dans l'autobus presque vide, deux personnes lisaient des romans de King (autres que moi évidemment) ! Bon, je sais, je donne des exemples qui se démarquent par leur qualité et par de nombreux autres éléments que je ne mentionnerai pas, quoi que l'analyse serait très intéressante. Cependant, cela démontre un intérêt du public en général pour cette littérature.

Alors, comment faire le pont entre les passionnés des genres et ceux qui recherche ce genre de littérature et ne trouvent que les auteurs très connus ou les dernières sorties en librairie ? Je ne parle pas ici de l'opinion et du snobisme des critiques littéraires et des universitaires sur la littérature de genre, car c'est un tout autre débat, mais je me demande plutôt comment mieux exposer le grand public (en particulier les ados et les jeunes adultes) à la littérature de genre (et à l'horreur en particulier).

Il y a plusieurs problèmes qui me semblent évidents, comme la distribution des livres dans les librairies (Est-ce que le fait de gagner le prix Jacques Brossard va permettre aux romans fantastiques de Frédérick Durand d'être disponibles en librairie sans nécessiter une commande spéciale ? Sa nomination n'était pas suffisante en tout cas, du moins dans les librairies que j'ai visitées à Québec). De même pour les fanzines, je me demande s'ils touchent vraiment un public beaucoup plus large que celui qui était présent à Boréal (et ceux qui auraient aimé y être) ? Et les bloggeurs, eux ? Un réseau virtuel d'amateurs du genre qui se développe avec vigueurs, mais est-ce que leur porté rayonne vers l'extérieur où bien est-ce qu'il touche seulement le public boréalien ?

En tant que fan, je trouve triste de découvrir un nouvel auteur d'horreur québecois dans un coin sombre du net alors que cette oeuvre est d'une grande qualité et, pourtant, difficile à trouver en librairie.

Avec toute la motivation et l'amour des genres que nous avons quasiment palpé cette dernière fin de semaine, n'y a-t-il pas un moyen de mettre cela à profit pour faire découvrir notre passion aux passionnés qui s'ignorent ?

7 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec toi, ce n'était pas une super table-ronde. Cependant, elle m'a permis de réaliser que nous ne sommes pas tous sur la même longueur d'onde par rapport à l'écriture: moi, quand j'écris, je ne me questionne pas à savoir si ça va être de l'horreur ou de la fantasy ou de la litt. érotique, par exemple. J'écris ce que j'ai envie d'écrire, et si, à la fin, il n'y a pas de monstres, de surnaturel, de gadgets futuristes ou autre, je me dis: ça alors, j'ai écrit un truc comme j'en fais rarement. Le genre ne demeure qu'étiquette de vente pour moi. Quand j'aime un auteur, je lis tout ce qu'il fait, et mon classement de ses oeuvres ne se borne pas à des étiquettes de genre. Ex: j'ai aimé tout le Champetier que j'ai lu, autant sf que fantastique que fantasy. Plus La mémoire du lac que Les sources de la magie, mais plus La taupe et le dragon que L'Aile du papillon. Ce sont tous des romans de genre écrits par un maître et la distinction de genre ne me permet pas de classer les oeuvres de ma préférée à ma moins appréciée.

    Mais bon... disons que le tour du sujet s'est fait assez vite. Chaque année, à Boréal, il y a des tables sur le sujet et ça ne change rien au fait que des dizaines d'oeuvres sont mal classées en librairie.

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  2. En fait, j'ai surtout mentionné cette table ronde pour amener mon point, c'est-à-dire que l'info sur les nouvelles productions de genre est disséminée ça et là et que c'est surement difficile pour quelqu'un qui n'est pas dans le milieu de découvrir les trésors cachés.

    J'aime ta comparaison avec l'oeuvre de Champetier. De mon côté, ma gradation est la suivante : La peau blanche > La mémoire du Lac > L'aile du papillon > La taupe et le dragon. Je n'ai pas encore lu son fantasy. L'aile du papillon, c'était vraiment étrange comme histoire...

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  3. Je pense quand même qu'une étiquette est quelque chose de pratique pour le lecteur qui cherche un type particulier de livre.

    Moi aussi, quand j'aime beaucoup un auteur, je l'accompagne lorsqu'il s'aventure dans un autre genre. C'est en lisant des recueils de nouvelles de Robert Bloch, Richard Matheson (le papa) ou Fritz Leiber que je me suis initié à la nouvelle noire mais non fantastique.

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  4. Si je peux m'insérer dans la discussion malgré le fait que j'étais pas à Boréal, je dirais que le problème mainstream vs sous-culture se rencontre dans plusieurs domaines.

    Mon second domaine favori, les arts martiaux mixtes (le premier étant la littérature de genre), se débat présentement dans ce marasme. Ils aimeraient obtenir l'étiquette de "sport", être vus à la télé non-payante, voir leurs athlètes être reconnus comme tels par les pays...
    Sauf que ce sera jamais un sport olympique et ce sera toujours trop sanglant pour une majorité des gens. Même problème avec la SFF et l'horreur : la grande littérature la snobera toujours et c'est souvent trop sanglant ou déjanté pour le grand public.

    Par contre, je me demande ce que les éditeurs de genre attendent pour se regrouper et se créer une vitrine virtuelle du genre de "théâtre québec". Ils pourraient annoncer les dernières parutions, les gagnants des prix... Les libraires auraient de la pression pour se procurer les titres vedettes et les amateurs auraient une référence (la dernière fois que j'ai voulu acheter de la SFF, j'ai bouquiné trois heures de temps avant de mettre la main sur quelque chose qui me semblait intéressant et qui émanait d'un nouvel auteur!!!)

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  5. Geneviève, tu lis dans mes pensées. Le but de ce texte était de faire naître cette idée : Un genre de portail vers les genres au Québec. Je me demande s'il y aurait un moyen pas trop douloureux d'accomplir cela (par exemple un aggrégateur de nouvelles, un genre de DIGG sur les genres littéraires au Québec ou un blog avec des termes normalisés).

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  6. Salut

    Le portail SFFQ.org poursuivait ce but mais il n'a pas duré longtemps car c'est beaucoup de travail, mais surtout, il faut se battre même contre les éditeurs (ou presque): aussi étonnant que ça puisse paraître, c'est difficile d'obtenir les communiqués de presse, les listes des sorties, les images des couvertures, des résumés, etc. Je rêve du jour où entretenir un tel portail sera facile. mais les amateurs de genre au Québec s'ignorent les uns les autres: les fans des chevaliers d'émeraude n'ont souvent pas d'expérience de lecture autre que ça et ne peuvent pas parler littérature avec les fans de vonarburg car ils ne parleront pas le même langage. Un des problèmes est aussi le trop grand nombre d'oeuvres publiées (en quantité, pas en qualité) par rapport aux lecteurs: personne ne lit tout ce qui s'écrit dans les genres au Québec et les ponts entre les expériences de lecture sont donc rares. Je n'ai pas envie de jaser avec quelqu'un qui croit dur comme fer que Terra Wilder d'Anne Robillard représente le summum de la littérature fantastique... Donc avoir un organe de discussion genre forum n'est pas une expérience réalisable.

    Par contre, un portail d'information avec des communiqués, des exclusivités, des entrevues, etc, ça serait cool si quelqu'un avait beaucoup de temps et de courage. Pas moi, j'ai assez donné (et plusieurs répondraient la même chose).

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  7. M : J'avoue que ça n'a pas l'air rose tout ça ! Ça m'a l'air aussi amusant que de laver de vieilles croutes récalcitrantes de sang séché. Quand même, ce serait cool si une recherche google pouvait mener à un genre de portail, sans qu'il soit nécessairement trop élaboré et sans que son sujet ne soit trop large (juste sur l'horreur par exemple).

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