Écrire la science

Construire un article scientifique, c'est comme concevoir une histoire.

Dans un monde idéal, on part d'une question à laquelle on veut répondre et on établit la liste des expériences à faire pour répondre à cette question. Ça nous donne quelque chose qui s'apparente à une série de scènes. Ensuite on met les scènes en ordre pour raconter une histoire claire et intéressante afin que les lecteurs comprennent bien notre recherche. Reste qu'à écrire!

Très simple! Pourtant, ce l'est rarement autant. Ce que je viens de décrire, c'est plutôt l'étape finale, quand tout le travail de laboratoire a été fait. C'est un peu comme une deuxième version de la recherche. Ça s'apparente beaucoup plus à la révision qu'à la création d'une première version.

Quand j'écris une première version d'un texte littéraire, j'ai habituellement un plan général de ce qui va se passer, mais je laisse les détails de l'intrigue et l'ordre des événements apparaitre au fil de la rédaction. Quand on fait de la recherche scientifique, c'est un peu la même chose. On a souvent une bonne idée des expériences à réaliser pour répondre à une question, mais, au fil d'un projet, on réévalue les expériences nécessaires. On ne les fait pas toujours dans le bon ordre non plus. On en fait plusieurs pour rien. Sans compter celles qui ne marchent pas comme prévu ou qui ne marchent pas du tout. C'est comme la première version d'une histoire, qui contient des scènes inutiles, des personnages bâclés et des revirements qui ne tiennent pas la route. Alors, on fait de nouvelles expériences, on retourne en arrière dans nos hypothèses, on reformule notre question. Avec toutes ces données expérimentales en main, on a l'équivalent de la première version d'un roman.

Et qu'est-ce qu'on fait avec la première version d'un roman? On la réécrit, nom d'un chien!

5 commentaires:

  1. LOL! Beau parallèle qui me rappelle de vieux souvenirs universitaires. Avec ma dir-litt, j'ai effectivement dû retravailler la première version de mon roman. En écoutant ses commentaires, j'ai fini par comprendre que les principaux défauts à corriger découlaient de mon expérience à écrire des textes scientifiques : ça manquait d'émotion et la structure était trop ... énumérative. J'ai donc été obligé de travailler un peu pour réaliser le passage entre l'écriture scientifique rigoureuse et l'écriture de fiction. Belle aventure.

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  2. Détails de l'intrigue et des événements qui apparaissent au fil de l'action... Élisabeth V. te pendrait haut et court! :p

    Sans farce, je comprends la comparaison entre l'écriture scientifique et l'écriture littéraire. Le passage de l'un à l'autre est pas facile. Surtout qu'en histoire, l'avantage c'est que les faits sont connus. On les recombine pour les analyser.

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  3. @Karuna Content de te rappeler des souvenirs oubliés. Dans quel domaine as-tu étudié?

    @Gen Nous aussi on recombine... de l'ADN!

    Honnêtement, je ne trouve pas le passage entre les deux types d'écriture difficile. Mais quand j'écris trop dans la journée, c'est plus difficile de cracher le jus le soir (le blog qui en a fait les frais au cours des derniers jours).

    Nom d'un chien, être pendu! J'avais jamais pensé finir mes jours comme ça! Quand même, plus j'écris, plus je planifie d'avance. Même que dans le cas des nouvelles, je n'arrive jamais à les terminer (ou bien ça donne des résultats médiocres) si je n'ai pas un plan complet avant de débuter l'écriture. Pour les romans je ne suis pas encore arrivé à faire un plan détaillé avant la rédaction (Quoi que pour "Pornovores" j'ai commencé par écrire un synopsis complet. C'était quasiment une histoire clé en main). C'est certain que cette méthode d'écriture va demander plus de réécriture.

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  4. Mon domaine? C'est encore un mystère sur la blogosphère! Lol. Disons les sciences humaines. Si cela t'intéresse, ma sortie du placard ne saurait tarder. ;)

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