Rendre la mort vivante

Il y a quelques mois, j'ai reçu un courriel d'un certain Gilles Thomas, qui me demandait des détails sur ma nouvelle "La danse des os". Je lui ai donné les coordonnées du fanzine Asile, dans lequel est parue la nouvelle (numéro 2).

Mardi, dans ma boîte de courriel, j'avais une copie du bulletin d'information de la Seadacc, la Société d'étude et d'aménagement des anciennes carrières des capucins. En page 22 de ce bulletin, une critique de ma nouvelle, écrite par M. Gilles Thomas, auteur de l'Atlas du Paris souterrain. Merci M. Thomas!

Voici cette critique:

Ci-après, trois extraits d’une courte nouvelle publiée par Frédéric Raymond, véritable et doublement québécois puisque demeurant dans cette ville célèbre pour son château Frontenac. Il s’agit d’une remarquable évocation de 1313 mots, s’intitulant « La danse des os », dont vous pourrez vous procurer la totalité de la chose en commandant la revue auprès de l’éditeur, moyennant défraiement des tarifs d’expédition (voir le fanzine québécois Asile).

Ce qui suit a été choisi parce que le récitant (il s’agit d’une prosopopée !) y décrit d’où il vient, comment il est arrivé là, et ce qu’il est au final devenu ; et contrairement à la bande annonce au cinéma qui a tendance à ne présenter que les meilleurs passages du film et donc n’est absolument pas représentative de la qualité de la réalisation ou du scénario, ici tout est écrit d’une manière aussi intelligente, documentée, rendant paradoxalement la mort vivante autant que faire se peut :

Ma chair décomposée se mêle à la terre du cimetière des Innocents. Mes os, de plus en plus dénudés, s’entrechoquent avec ceux de mes compagnons de sépulture. Nous sommes des milliers de corps ensevelis pêlemêle sous ce qui a été un lieu très prisé par les marchands et les promeneurs. Les pelles et les pics des travailleurs nous mélangent et nous remuent. Le travail des vivants nous anime d’un mouvement que nous avions oublié. Vengeurs, nos effluves attaquent leurs narines, leurs bouches et leurs gorges. […] Sous le regard des curieux, affamés de morbidité, de mort et de putréfaction, mon corps et ceux de quelques confrères sont transportés vers les catacombes. Dans ce Paris en proie à la révolution, nous sommes trimbalés à travers la ville jusqu’au puits menant aux anciennes carrières. […] Puis, un jour, des rires de femmes se font entendre dans les catacombes. Réveillé par cette gaieté incongrue, mon crâne sort de sa torpeur. Trébuchant sur des os gisant sur le sol, riant à la moindre blague macabre, un groupe composé du comte d’Artois et de quelques courtisanes s’est frayé un chemin jusqu’à l’ossuaire. De mon orbite gauche, je les regarde folâtrer entre les os, aussi effrayés qu’amusés...

Encore un cas où de nombreux « maudits français » ont des leçons à prendre des nord-américains sur les connaissances acquises et diffusées quant à l’histoire de notre propre pays.

Pour obtenir une copie du fanzine, visitez le site de Asile.

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