Ce qui me fait peur

Récemment, j'ai visité un blogue sur l'horreur où ils posaient la question suivante :

Qu'est-ce qui vous fait peur?
À cette question, neuf choix de réponse :
  • Les faits vécus d'horreur
  • Le surnaturel
  • Le sang et les trippes
  • Les tueurs en série
  • Les histoires de fantômes
  • Les récits d'apocalypse
  • Les zombies
  • Les démons et autres thèmes religieux
  • L'horreur gothique à la Poe
Autant j'ai tenté de répondre à cette question, autant les réponses suggérées n'arrivaient pas à me satisfaire. Si la question avait été "Lequel de ces types de récits a le plus de potentiel pour vous faire peur?", j'aurais pu répondre avec plus d'aise. Mais aujourd'hui j'ai le goût de faire un peu de tétrapiloctomie, alors je vais discuter le sujet plus en détail.

Qu'est ce qui me fait peur?
Cette question, appliquée à la vie quotidienne, trouve une réponse facile, une réponse intrinsèque à la vie de tous les jours. Ma plus grande peur, c'est qu'il arrive quelque chose aux gens que j'aime. C'est encore plus vrai depuis que je suis papa. Je sais, cette réponse est très cute (trop cute), mais c'est la plus honnête que je peux vous donner. Par contre, elle ne répond pas exactement à la question sous-entendue, qui fait plutôt référence à ce qui nous fait peur dans la fiction.

Les préalables de la peur
Tout ça m'amène à parler d'une recette, celle du suspense. Parce que pour vraiment avoir peur, il doit y avoir des enjeux et, pour qu'il y ait des enjeux, il doit y avoir des éléments auxquels on tient qui sont en danger. Le premier critère pour arriver à cela dans une oeuvre de fiction est la présence de personnages vivants et crédibles. L'enjeu peut être leur survie ou leur mort, mais ça peut aussi être le risque de perdre quelque chose à quoi ils tiennent. Si on aime ces personnages, si l'auteur arrive à nous convaincre que ce qu'ils veulent est important, alors c'est possible d'avoir un suspense efficace.

Pour atteindre la peur, on doit pousser le tout encore plus loin. Le suspense est immédiat, alors que la peur doit prendre le temps de se développer et de grandir. Il faut que la peur reste quand le livre se referme.

Qu'est ce qui me fait peur (dans un livre)?
Il y a deux types de livres qui me font peur ou qui, sans faire peur, évoquent en moi des émotions qui me dérangent et m'inquiètent.

Les premiers sont les romans d'horreur viscérale, réalistes ou non, comme ceux qu'écrivent Sénécal (entre autres dans Les sept jours du Talion ou Le Vide), Jack Ketchum (qui amènent l'horreur extrême à un niveau humain qui laisse des séquelles), Gary Braunbeck (malgré la présence du fantastique, il traite des thèmes dérangeants avec subtilité), Wrath James White (avec du gore en masse, mais des personnages attachants), et finalement le Marquis de Sade (qui ajoute parfois une couche de philosophie à ses perversions sexuelles et autres mutilations). Je ne sais pas si on peut dire que ces livres me font peur, mais ils me font réfléchir et me dérangent. Je n'ai pas peur du sang qui coule en abondance dans ces livres, des mutilations ou des abus sexuels. J'ai plutôt peur pour les victimes et, parfois, quand l'auteur atteint des sommets, j'ai peur pour le tortionnaire.

Le deuxième groupe de romans d'horreur qui me font peur est plus insidieux, et va chercher plus loin que le suspense. Il implique souvent des créatures, mais ce n'est pas la créature comme telle qui me fait peur. J'ai peur, mais littéralement peur, quand je lève les yeux de mon livre et que je vois des choses qui ne sont pas là. L'exemple le plus fort dont je peux me rappeler est lors de ma lecture de The darkest part of the wood, de Ramsey Campbell. La présence surnaturelle de la créature est tellement évanescente, tellement insaisissable que, même en lisant dans un autobus bondé, j'ai ressenti la présence de cette force terrifiante. C'est surprenant que de se trouver en plein milieu de la ville, entouré de gens, et d'avoir peur de la forêt et de ce qui s'y cache. À ce moment dans ma lecture, je n'avais aucune idée de ce qui se cachait dans la forêt. Ainsi, branche après branche, ombre après ombre, l'auteur construit ma peur, une virgule à la fois. En vérité, la peur est dans les détails.

L'ombre qui menace
Pour résumer tout ça, j'ai peur pour les gens et peur de l'inconnu. J'ai surtout peur quand je sais que quelque chose d'obscur se terre, en attente, et qu'on ne voit que l'indice de sa présence. Les monstres ne sont que des accessoires. J'ai peur qu'ils fassent du mal à ceux que j'aime. J'ai peur qu'ils existent, quelque part, dans l'ombre.

Finalement, je vous retourne la question: Qu'est ce qui vous fait peur?

6 commentaires:

  1. Comme toi, je trouve que le plus effrayant, c'est l'horreur qu'on devine, mais qui se dissimule. C'est pour ça que les vieux films d'horreur, ceux où on voyait jamais le "monstre", m'ont toujours fait beaucoup plus peur que la gore porn actuelle.

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  2. Les tueurs en série parce qu'ils existent. Les voix de fantômes me font aussi peur.

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  3. @Gen C'est vrai que le gore porn n'est pas nécessairement terrifiant, mais il y a quand même de bonnes oeuvres dans ce genre.

    @Pat Plutôt spécifique ça, les voix de fantômes. Assez intéressant comme concept en fait.

    L'humain peut être une source inépuisable de terreur. Le tueur en série ne m'inquiète pas trop, parce qu'il est rare. Mais la violence gratuite "pour le fun" m'inquiète plus.

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  4. Dans les films ou livres, la peur vient me chercher quand le personnage a peur et que l'auteur ou le scénariste a su le transmettre avec brio. Et je sois préciser que chez-moi si les personnages sont des enfants ou des adolescents , ca marche encore plus. C'est comme si mon état d'esprit se retrouvait au même âge qu'eux.

    Je pense à la scène d'ouverture du film Darness Falls lorsque le jeune est caché sous la couverture et que la méchante Fée des dents survolent le plafond de la chambre. L'ombre, les sons, le visage du jeune. Ca a marché à planche pour moi. Vraiment !

    Aussi, en lecture, je pense à une scène dans CA de King lorsque qu'après avoir fouillé une cabane je crois, les jeunes partent à la course avvec PennyWise à leur trousse. Aussi dans Stand By Me - Le corps de King quand les jeunes courent sur le pont de voie-ferrée et que le train s'en vient, j'ai couru avec eux comme ca se peut pas.Dans le livre, c'est encore mieux réussi que dans le film. Aussi une scène dans Nuit d'été de Dan Simmons où les jeunes rampent dans les greniers de l'école poursuivit par une bête.

    Vraiment, la peur transmi par des personnages jeunes est contagieuse avec moi. C'est une recette qui réussit avec moi.

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  5. @Pierre Est-ce vraiment la peur que tu as ressenti, ou du suspense? Un suspense augmenté quand la vie d'enfants sont en jeu? (je me fais l'avocat du Diable ;-)

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  6. Au même titre, dans un film, je ne considère pas que faire sursauter un spectateur cause nécessairement de la peur (dans certains cas, mais pas toujours).

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