Succulent Prey, de Wrath James White

Joseph Miles est beau gosse. Certains disent qu'il ressemble à Superman avec son physique d'athlète et ses yeux d'un bleu vif et profond. Ajoutons à cela une aisance à manipuler les gens et ça en fait un séducteur efficace. De séducteur compulsif à prédateur, il n'avait qu'un pas à franchir, surtout avec son fantasme grandissant de mordre dans la chair plantureuse de ses conquêtes, qui deviendront bientôt ses victimes. Ayant lui-même été agressé enfant par un cannibale pédophile, il est persuadé que son appétit lui a été transmis par son agresseur.

Succulent Prey est un roman sombre d'une intensité effroyable. Pourtant, on s'attache à Joseph et, malgré toutes les atrocités qu'il commet, on souhaite qu'il trouve une cure à son obsession (même si son hypothèse sur la cause de sa "maladie" ne convainc pas le microbiologiste en moi). La psychologie des personnages est établie à merveille, même si certaines réactions ne sont pas tout à fait réalistes. Est-ce que beaucoup de gens ont vraiment le fantasme de se faire dévorer vivant? J'en doute. Le syndrome de Stockholm peut-il être assez puissant pour exciter sexuellement une victime alors qu'elle se fait dévorer par un homme qui la séquestre depuis plusieurs jours? Pas certain non plus. Quand même, ces quelques éléments tirés par les cheveux permettent à l'auteur d'aller plus loin dans les scènes d'horreur perverses où les émotions jouent un rôle important. Ainsi, le livre n’est pas seulement efficace parce que l'auteur arrive à écrire des scènes extrêmes et dégoutantes, mais surtout parce qu'elles sont ancrées dans les émotions des personnages, ce qui en augmente l'intensité.

D'un point de vue plus technique, l'auteur alterne avec brio les scènes extrêmes et celles qui le sont moins (aucune scène n'est banale dans ce livre), menant le lecteur dans des montagnes russes d'émotions contradictoires allant du dégout, à l'empathie et à la haine. Entre autres, le second tiers du livre est d'une intensité malsaine phénoménale telle que peu d'auteurs arrivent à en atteindre de semblables. Heureusement, Wrath écrit bien, ce qui permet au lecteur de passer au travers les moments plus noirs pour terminer cette lecture qui ne laisse pas indifférent, et pas seulement par des scènes qui choquent, mais aussi par les questions que l'auteur pose. La conclusion est très satisfaisante et arrive à clore de nombreux aspects de l'histoire (satisfaisant aussi le microbiologiste).

Succulent Prey est une lecture intense et horrible, avec des scènes de sexe cannibale qui feront même frémir les lecteurs d'horreur endurcis. À côté de Wrath, Patrick Sénécal est un enfant de choeur. Pour amateurs d'horreur extrême seulement.

L'auteur a quand même l'air sympathique, comme le suggère cette entrevue avec Wrath James White.

3 commentaires:

  1. *bruit de bottage de derrière en règle* Chose promise, chose dûe! :p

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  2. @Gen Manque juste la plogue de Brins d'éternité ;-)

    Parlant de bottage de derrière. Wrath a aussi été un combattant professionnel pendant neuf ans et est maintenant prof d'arts martiaux.

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  3. Avec un nom comme "Wrath", ça m'étonne pas...
    Il a l'air d'un mec fort intéressant en fait (je suis allée jeter un coup d'oeil à son blog) même si ses écrits me branchent moins.

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