La horde anonyme

Pour un temps limité, vous pouvez lire ma très courte nouvelle d'horreur La loi et la horde sur le blogue de Richard Tremblay. C'était ma participation aux Mille mots de l'Ermite 2011.

Si vous ne l'avez pas lue encore, allez-y avant de lire le reste de ce billet.

Quand j'ai écrit la première version de La loi et la horde, je m'étais dit que, comme le texte serait très court, il ne serait pas utile de perdre du temps à nommer les personnages. Et puis, au fil des relectures, je me suis dit que je tenterais de le faire pour voir ce que ça donnerait. Pour que vous puissiez voir la différence, je vous présente ici la version antérieure. Évidemment, cette version n'a pas été autant peaufinée que celle que vous avez lue sur le blogue de l'Ermite.

Voici donc La loi et la horde, version anonyme.

***

« Déposez votre arme. », dit le policier.

Lui-même pointait son pistolet sur l’homme, qui restait droit, cherchant le regard du policier derrière ses lunettes noires et faisant de son mieux pour protéger sa femme et sa fille.

« Non », dit-il.

« Je devrai utiliser la force si vous ne déposez par votre arme. »

L’homme resta immobile un instant. Après plusieurs secondes de tension, il déposa son fusil de chasse sur l’asphalte, tout près de ses bottes. Blottie dans les jambes de sa femme, sa fille pleurait.

« J’aimerais voir vos papiers et votre permis de port d’arme. », demanda le policier.

L’homme resta silencieux un moment.

« Je ne les ai pas. », dit-il.

« Dans ce cas, je dois confisquer votre arme. », dit le policier. « C’est la loi. »

D’un mouvement vif, l’homme se pencha pour ramasser son fusil. Un coup de feu déchira l’air, faisant résonner ses tympans. Le policier avait tiré en l’air. En un instant, son arme était de nouveau braquée sur l’homme, qui se redressa.

Le policier fit signe à l’homme et à sa famille de reculer. Ensuite, il s’approcha pour ramasser le fusil.

« Merci de votre coopération », dit-il avant de monter sur sa moto.

L’homme resta planté là un instant, sans bouger, à regarder le policier s’éloigner. Pour la rassurer, il prit sa fille dans ses bras.

Dans le lointain, on entendait le grondement de la horde qui approchait.

***

Une bonne différence, non? Juste remplacer "l'homme" par "Jean" fait une grande différence. Donner un nom a sa femme et sa fille, Karine et Suzie, donne une dimension humaine qui aurait manquée au texte. Selon moi, cet exercice montre bien que nommer un personnage aide à lui donner une personnalité.

Dans cette optique, pourquoi ne pas décrire la horde plus en détail? Et encore, c'est une horde de quoi? De zombies? La réponse la plus facile. Je suis certain que vous avez une meilleure réponse que ça! D'abeilles tueuses? D'araignées anthropophages? De ratons-laveurs rabiques? De clown tueur?

C'est une horde de quoi?

10 commentaires:

  1. Le danger qui n'est pas identifié clairement est toujours plus effrayant que le danger connu. Identfier clairement un obstacle est une des premières choses à faire pour le surmonter. Donc, vaut mieux que ça reste la horde (de ???)!

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  2. Bien d'accord avec toi Vincent! C'est exactement pour ça que je suis resté vague!

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  3. @Fred : Ouais et c'est pour ça que ça marche aussi bien! :)

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  4. Je compare les deux versions de ta nouvelle et je me demande pourquoi dans la version que tu as envoyé à l'ermite, tu termines ta nouvelle ainsi: "Dans le lointain, il entendait le grondement de la horde qui approchait. Elle semblait affamée." Tu as ajouté "elle semblait affamée", pourquoi? :)

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  5. Bonne question Vincent! J'ai ajouté cet élément pour ajouter un détail pour les gens qui n'associent pas nécessairement une horde à quelque chose de menaçant. Une non-fan d'horreur m'a dit, après la lecture : "Ouin, mais pourquoi ils ont peur de la horde?". Je ne voulais pas dire quelle était la nature de la-dite horde, mais en ajoutant ce détail (elle était affamée), ça permettait d'ajouter une raison de la craindre, tout en terminant le texte sur un détail fort.

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  6. D'accord! :) J'avoue que pour moi le climat de tension était suffisament pour faire comprendre que la horde était à craindre. Par ailleurs, je me demande si ça n'aurait pas été encore plus fort avec un verbe non-conditionel. "Elle était affamée" me paraît plus fort que "Elle semblait affamée". Enfin peu importe, j'ai beaucoup aimé! :)

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  7. J'aurais ptêt mis "...le grondement de la horde qui approchait, affamée".

    Parce que je suis d'accord : il y a des lecteurs pour qui "horde" n'aurait pas suffit à provoquer un sentiment d'appréhension (j'en fais partie je dois dire : "horde" en lui-même n'est pas effrayant). Et il fallait finir avec "affamée" pour bien enfoncer le clou. En apposition, tu aurais évité le verbe d'état.

    ... magnifique exemple du temps qu'on peut perdre à gosser sur des phrases, hein? :p

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  8. J'avais choisi "semblait" pour donner l'information du point de vue de Jean, qui ne sait pas nécessairement grand chose sur la horde, mais qui en a peur. Donc, ajouter une notion d'inconnu supplémentaire.

    Et c'est vrai que c'est long travailler un texte court! Le nombre d'heures que j'ai passé sur ce texte!

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  9. En tout cas, je crois que ça valait la peine d'investir ces heures-là, c'est vraiment bon. :)

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  10. @Fred : Semblait se justifie effectivement de cette façon là.

    Et oui, c'est long à faire un texte court!!!

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