L'horreur à la radio (rappel)

Je viens tout juste d'éviscérer ma citrouille et de lui poignarder un visage terrifiant! Nous sommes enfin fin prêts à célébrer l'Halloween! La plus grande fan du Cthulhu rose et moi vous souhaitons la plus terrifiante des journées!

N'oubliez pas d'écouter l'émission Épilogue, à CKIA 88.3, demain à midi, pour une dose d'horreur littéraire et musicale!

L'horreur à la radio

Le 31 octobre prochain, à midi, je parlerai d'horreur à l'émission Épilogue sur les ondes de CKIA 88,3. L'émission est en rediffusion le lundi 1er novembre à 10h et elle est diffusée en simultané sur le web. On devrait discuter de l'horreur en général, de l'état du genre au Québec et de suggestions de lectures québécoises terrifiantes . J'ai presque choisi les livres dont je vais parler, mais peut-être ai-je oublié un terrifiant roman qu'il serait indispensable de mentionner. Ainsi, je vous invite à me proposer votre top 3 de l'horreur québécoise!

Dépasser les limites du bon goût

Si, un jour, je suis célèbre pour une des phrases que j'ai dites, ce sera peut-être pour: "Les limites du bon goût sont là pour être dépassées."

Pourtant, en 2010, il semblerait que de briser ces tabous puisse mener à des problèmes judiciaires, voire à la prison! Si n'en avez pas encore entendu parler, je vous réfère à cet article, qui décrit le cas de RémyFX, un maquilleur en effets spéciaux gore qui subira bientôt un procès parce qu'on juge son oeuvre dangereuse pour la société. Plus de détails sur son cas ici. Ce qui m'amène à poser une grande question...

Est-ce que l'horreur a une limite? Est-ce que le bon goût a une valeur si grande qu'on ne peut se permettre de le piétiner à pieds joints?

Pour vous donner ma réponse personnelle, car il s'agit bien d'une perception plutôt que de fait mesurable, je dois commencer en vous parlant de ma vision de l'horreur.

Beaucoup de raisons expliquent mon amour de l'horreur. Je pourrais me psychanalyser pendant des heures pour vous pondre des pages et des pages d'analyse de ma relation avec ce genre. Au lieu de ça, je vais plutôt paraphraser Douglas E. Winter dans son introduction à l'anthologie d'horreur classique Treize histoires diaboliques (traduction de Prime Evil) en disant que l'horreur n'est pas seulement un genre littéraire et cinématographique, mais une émotion. Et c'est d'émotions dont je vous parlerai ici.

Quand je consomme de la littérature ou du cinéma d'horreur, je cherche à m'amuser, à avoir peur ou à réfléchir sur la moralité et la nature humaine. Les deux premières possibilités sont facilement acceptées par la société. Qui se plaindra de films d'horreur humoristique comme L'armée des ténèbres, Slither ou Zombieland? Qui accusera des romans comme Shining, de Stephen King, ou Ghost Story, de Peter Straub, de corrompre les moeurs?

Mais quand on s'attaque à l'horreur qui a pour objectif de déranger et de faire réfléchir en montrant des actions horribles et dérangeantes, il faut s'attendre à être déstabilisé. Des auteurs comme Jack Ketchum, Wrath James White ou, plus près de chez nous, Patrick Sénécal présentent parfois des scènes qui sortent largement des cadres acceptés de la déchéance humaine. De même pour les courts-métrages créés par RémyFX, qui présentent l'univers d'un tueur psychopathe particulièrement sordide. Est-ce qu'une oeuvre créée pour déranger peut vraiment influencer les moeurs alors que l'impact qu'elle aura sur presque tout le monde sera du dégoût, du malaise et une source de réflexion sur le pire de la nature humaine? Une mauvaise interprétation de l'oeuvre reste possible, mais je crois que quelqu'un d'influençable et dérangé trouvera de toute façon des sources pour l'influencer, qu'elles soient mainstream ou underground, de la fiction ou des bulletins de nouvelles. Cela dit, on ne peut pas demander des cartes de santé mentale à tous les gens qui aiment l'horreur. On ne devrait pas non plus museler les créateurs dont l'imagination et les talents les mènent dans des zones dérangeantes.

Ainsi, toute cette affaire des limites de l'horreur reste une question de perception. Au final, ce que je veux exprimer, c'est que l'horreur extrême n'a pas pour objectif d'influencer les gens, mais plutôt de les faire réfléchir sur la nature humaine et sur notre propre moralité. Elle existe pour attiser l'étincelle de la réflexion, et pour ça il faut déranger le spectateur. Dans le cas de RémyFX, on dirait que ça marche...

Hellraiser: Inferno

Hellraiser: Inferno met en scène un policier aux moeurs discutables qui, au cours d'une enquête, découvre la boîte de Lemarchand. Après avoir résolu le casse-tête de la boîte, il se voit plongé dans un indicible cauchemar.


Ayant trouvé les cinq derniers volets de la franchise Hellraiser (qui en compte jusqu'à présent 8, bientôt 9) à rabais dans un grand magasin d'électronique, je n'ai pas hésité une seconde avant de les acheter. Pourtant, j'avais peu d'espoir concernant la qualité de ces films. Les deux premiers volets de la série, Hellraiser et Hellraiser: Hellbound comptent parmi mes films d'horreur favoris. Le troisième était une intéressante pièce d'effets spéciaux et le quatrième un navet plein de potentiel inexploité qui a quand même beaucoup apporté à la franchise (et il a une place toute spéciale dans mon coeur de fan facile à convaincre). Des volets suivants, j'ai entendu peu de bien.

C'est sans trop d'attentes que je me suis assis devant Inferno, le cinquième de la série. Ma première impression fut celle d'un film policier au rythme lent. Une fois la boîte ouverte, on reste dans le même ton, mais l'horreur s'immisce peu à peu dans les perceptions du policier, jusqu'à ce qu'il bascule dans une folie infernale. Le ton mystérieux du film est supporté par des scènes sanglantes plus souvent suggérées que montrées. Pourtant, certaines images sont un peu dérangeantes et le visuel de quelques scènes m'a fait penser à Silent Hill, mais avec des effets de moins bonne qualité. Vu le budget réduit du film, je suis enclin à le leur pardonner. La descente aux enfers du policier et la manière dont il questionne sa santé mentale m'ont bien plus. Bref, un bon moment de cinéma d'horreur sans prétention.

Reste à discuter comment ce film s'insère dans la mythologie créée par Barker. À l'exception de quelques nouveaux cénobites, il n'y a rien de nouveau en Enfer. Inferno représente plutôt une anecdote dans l'histoire de Pinhead et de la boîte servant à l'incanter. Quant au maître cénobite lui-même, sa présence est justifiée et correctement amenée, même si ce n'est pas fait de manière particulièrement originale. Tout au long du film, le policier cherche à retrouver "l'ingénieur", un clin d'oeil intéressant à la mythologie de Hellraiser. La principale critique que je ferais du film, c'est qu'il y manque l'élément de désir qui est intrinsèque à la franchise. Oui, les cénobites font souffrir, mais ils ne font pas souffrir pour punir, ils font souffrir parce que c'est leur façon de vivre. Dans Inferno, Pinhead aurait très bien pu être remplacé par un Diable cornu et la même histoire aurait aisément pu être racontée. L'ouverture de la boîte, plutôt que de mener à un monde de plaisir par la souffrance, mène le policier à une punition éternelle à cause de ses mauvaises actions. Sur cet aspect, l'essence de Hellraiser n'est pas respectée.

Malgré ses défauts, Hellraiser: Inferno est un ajout intéressant à la série, même s'il ne respecte pas parfaitement le matériel original. C'est un film d'horreur de qualité moyenne, voir faible, mais le fan d'horreur généreux pourra passer un bon moment à le visionner.

La première leçon du sorcier, de Terry Goodkind

La première leçon du sorcier est le premier roman d'une série de fantasy épique composée de dix romans et d'une novella. Ça fait des années que j'entends parler de ce livre. Après avoir écouté la série télé et m'être fait demander tous les jours pendant deux mois: « Quand est-ce que tu vas le lire? » J'ai finalement cédé à ma charmante épouse et j'ai lu ce premier tome.

Pas besoin de faire un grand résumé de ce roman. Il raconte l'histoire d'un gars qui se croyait ordinaire, mais qui finalement découvre qu'il est extraordinaire. Il usera de toute cette extraordinairitude pour combattre un tyran qui veut conquérir le monde. Voilà le résumé générique de dizaines d'oeuvres de fantasy. La première leçon du sorcier s'emboite à merveille dans ce moule, mais il y a quand même un petit quelque chose de spécial dans ce roman...

L'histoire est intéressante, les personnages attachants et le monde créé par Goodkind est original. Les ingrédients d'un roman de fantasy compétent, sans nécessairement être un chef d'oeuvre. Pourtant, certaines scènes m'ont littéralement jeté par terre. Dans la série télé, on dit que le Sourcier de vérité (le titre du héros) est intelligent et charismatique, sans qu'on arrive vraiment à prendre le héros au sérieux. Par contre, dans le roman, on nous le montre avec brio. À plusieurs moments, le Sourcier agit d'une manière surprenante, créative et efficace, justifiant ainsi les qualités qu'on octroie au personnage. Par ses actions, on voit qu'il est brillant et fichument bien caractérisé. De même pour le gros méchant dictateur, le Petit Père Rahl. À cela, ajoutons les chapitres où le Sourcier est prisonnier des Mord-Sith, des guerrières sado-maso extrêmes dont le leitmotiv est la souffrance. Ces chapitres sont une merveille d'écriture. Si tout le livre avait été écrit avec cette qualité, je l'aurait apprécié encore plus (à quand la rencontre entre les Mord-Sith et les cénobites?). Finalement, une autre qualité de l'auteur, c'est qu'il sait être impitoyable. Il fait souffrir ses personnages sans ménager le lecteur. Sans être aussi sans coeur que George R. R. Martin, Goodkind a assaisonné son roman d'une dose adéquate de cruauté.

Malgré tous ces points forts, le roman a aussi ses chapitres moins intéressants, où les scènes de combat se succèdent et où certains clichés prennent le dessus (environ les deux tiers du roman). Ça fait de La première leçon du sorcier une lecture inégale. Je dois quand même noter que ma perception est biaisée car, ayant vu la série télé, j'avais une bonne idée de l'intrigue générale du livre, ce qui limitait les surprises.

Au final, j'ai été impressionné par certaines sections du livre alors que d'autres m'ont ennuyé. Quand j'aurai fait une trace dans ma liste de livres à lire, je lirai probablement le tome suivant. Ça doit vouloir dire que j'ai bien aimé...

Fin

Et voilà, je viens d'inscrire le mot "fin" sur le verso de la vingt-et-unième page manuscrite qui complète ma romance gore. Cette pile de feuilles s'ajoutera au document Word qui m'attend sur une clé USB pendant que mon ordi est chez le docteur.

Ça a eu ça de bon, de devoir me séparer de ma machine symbiotique pendant plus de deux semaines (et ça dure encore...). J'ai dû passer à l'écriture papier, ce qui m'a permis d'écrire à des moments où je ne l'aurais jamais fait si j'écrivais sur support informatique. Cette semaine, j'ai écrit dans le bus, le soir juste avant de me coucher, en me levant la fin de semaine, alors que la petite regardait la télé en buvant son bon lait chaud. Plein de moments où, en temps normal, je n'aurais pas écrit.

J'ai aimé mon expérience. Reste à voir si je vais autant apprécier le transfert de tous ces mots sur mon ordi à son retour de chez le nécromancien. Mon espoir, c'est que je fasse la réécriture au moment de le recopier et, ainsi, d'avoir déjà une deuxième version de ces chapitres. C'est aussi possible que ça m'énerve de retranscrire tous ces mots. On verra bien. Peut-être vais-je me mettre à tuer des arbres pour écrire...

Et maintenant, je mets le cap sur la révision. C'est bien beau écrire, mais il faut aussi peaufiner des projets une fois de temps en temps. Je vais probablement commencer par retravailler une novelette qui est assez proche de sa version définitive, puis je vais me lancer dans la révision d'un roman de fantasy terminé l'année dernière. J'ai du pain sur la planche! Et ce roman fraichement terminé aura lui aussi besoin d'une bonne shot de réécriture.

Il y a aussi plusieurs projets qui me trottent dans la tête, deux en particulier... Mais je vais les convaincre de marcher encore un peu avant de les libérer...