Audrey's door, de Sarah Langan

Gagnant du Bram Stoker award du meilleur roman publié en 2009, Audrey's door raconte l'histoire d'une jeune architecte new-yorkaise qui emménage dans un édifice à l'architecture issue du naturalisme chaotique, un style architectural doublé d'une étrange religion. L’immeuble s'avère être un portail vers un autre monde, auquel il ne manque pour accéder qu'une porte. Après une rupture avec son chum, des problèmes à son travail, des troubles obsessifs compulsifs et une relation difficile avec sa mère bipolaire, Audrey n'a pas une vie facile.

Pourtant, son regard laisse filtrer une candeur qui m'a séduit. Le personnage de Audrey est attachant et c'est par son prisme que l'on vit la majorité du roman. Langan a une voix propre et j'ai l'impression qu'Audrey est sur beaucoup d'aspects son avatar littéraire. Au fil du roman, on apprend à connaitre Audrey et on découvre son dur passé. Malgré cela, Langan imprègne sa prose d'un humour tout particulier qui souligne joliment les éléments plus graves et le côté humain des personnages, dont la psychologie est fort bien étayée. Beaucoup d'événements tristes sont décrits, mais ça ne devient jamais déprimant. Le style de Langan est dense et, à l'instar du naturalisme chaotique, elle décrit un monde réaliste dans toutes ses aspérités. Les titres de chapitres sont à la fois incongrus et justifiés.

Audrey's door est une histoire d'horreur tranquille sans trop d'effusions de sang, même s'il y en a quelques-unes. À plusieurs reprises, j'ai senti de délicieuses sensations de peur pour les personnages. Tout au long de ma lecture, le roman de Langan s'est immiscé dans mes pensées au même titre que son appartement hante Audrey. Une belle réussite d'horreur littéraire.

Coyote Con

Envie d'un congrès virtuel où seront présents des auteurs comme Gary Braunbeck, Kealan Patrick Burke ou Scott Nicholson? CoyoteCon est un peu l'équivalent anglophone du Carnaval Boréal qui a eu lieu en février dernier. Parmi les sujets de discussion, un en particulier m'intéresse: "Writing to Scare the Reader". J'ai bien hâte de voir qui participera à cette discussion. Pour plus de détails et pour vous inscrire, cliquez sur l'image ci-dessous.

Le maudit livre orange

Depuis cet été, un maudit livre orange traine sur le coin de la table de la cuisine. Ce livre, c'est The complete idiot's guide to writing a novel, écrit par Tom Monteleone. Je l'ai lu au compte goutte en attendant que mon ordi démarre ou bien que les pâtes qui mijotent soient cuites. Ça ne devrait pas être une lecture si longue, mais je n'osais pas l'amener pour lire dans des lieux publics de peur de me faire aborder par des étrangers au sujet de l'écriture (Ça ne me dérange moins d'être vu avec des livres sur l'écriture de l'horreur, puisque les gens risquent moins de m'aborder, étant donné le sujet terrifiant).

J'aime bien les livres sur l'écriture, mais quand on a lu un livre qui traite le sujet général, on les a (presque) tous lus. Habituellement, je n'achète que ceux qui parlent d'horreur comme Workshop of horror ou On writing horror, ou ceux écrits par des auteurs que j'aime. Justement, je m'étais laissé tenter par celui pour les idiots à cause de son auteur, qui écrit une savoureuse chronique dans Cemetery Dance. En plus, le livre contient une dizaine d'entrevues avec des auteurs comme Peter Straub, Richard Matheson et William Peter Blatty.

Comme ce n'est pas le premier livre sur l'écriture que je lis, cette lecture n'a pas vraiment été enrichissante. Le ton de Monteleone est convivial et il énonce de nombreux conseils judicieux, mais j'avais déjà obtenu la majorité d'entre eux via d'autres sources, incluant certains chapitres adaptés pour le net. Quand même, les chapitres sur les dialogues, les points de vue et les erreurs communes chez les auteurs sont intéressants. D'un autre côté, le chapitre sur la promotion et le marketing n'est pas à jour côté technologies et le chapitre sur les acteurs du milieu de l'édition s'adapte mal au Québec. De même, à part les entrevues de Straub et Matheson, elles ne sont pas particulièrement intéressantes.

Bref, ce n'est pas étonnant que ce livre ait trainé si longtemps sur la table de ma cuisine.

Dead Space, l'horreur dans l'espace

J'ai découvert Dead Space avec la bd écrite par Anthony Johnson et dessinée par Ben Templesmith. Elle aurait fort probablement passé en dessous de mon radar si mon ami Karel ne l'avait pas ajouté à sa liste de commandes. Heureusement qu'il l'a fait, car cette bd est un superbe exemple d'horreur social science-fictionnesque mettant en vedette une invasion extra-terrestre déguisée en religion qui a la fâcheuse conséquence de transformer les gens en monstres.

Cette religion, fondée par Michael Altman, s'appèle l'Unitologie. Ses fondements sont simples. Des structures géantes appelées marqueurs ont été découvertes. À leur surface, il y a des inscriptions. Selon Altman, ces inscriptions décriraient les origines de la vie humaine et le sens de notre existence. Deux cent ans plus tard, le message a été déchiffré et la fonction du marqueur découverte. Il contient de l'ADN recombinant qui transforme les gens en monstres, les nécromorphes.

Le jeu vidéo Dead Space a lieu dans un vaisseau spatial géant rempli de nécromorphes. C'est un shooter à la troisième personne, c'est à dire qu'on voit constamment Isaac, le héros, à la gauche de l'écran. Pendant douze niveaux très intenses, Isaac tente de comprendre ce qui se passe et de sauver sa peau. La qualité du jeu est surtout sa capacité de nous faire sécréter de l'adrénaline. De nombreuses séquences sont très intenses, avec des monstres qui arrivent de partout, souvent dans des environnements clos où on ne peut pas fuir. C'est parfois frustrant, mais toujours terrifiant.

Une caractéristique intéressant du jeu est le démembrement des adversaires. Contrairement à la majorité des shooters où l'ont doit atteindre les ennemis à la tête, Dead Space demande que l'on détache les membres des nécromorphes pour s'en débarrasser plus facilement. On peut aussi les ralentir ses adversaires, ce qui est parfois essentiel vu la puissance de feu limitée d'Isaac. Dead Space étant un jeu de survie horrifiante, son héros est loin d'être surhumain. Certaines scènes ont lieu en gravité zéro alors que d'autres sont dans le vide spatial. L'ambiance dans le vide est terrifiante, la respiration d'Isaac étant amplifié par son équipement et les sons extérieurs étouffés par l'absence d'air, on entend difficilement les monstres qui approchent. Et tout ça avec un compteur d'oxygène qui descend toujours trop vite.

Dead Space est un bon jeu de survie horrifiante, même s'il est un peu répétitif. Malgré l'histoire qui est loin d'être au premier plan, le jeu terrifie par ses ambiances glauques et par la peur d'être attaqués par des nécromorphes au mauvais moment. Le jeu semble avoir été conçu pour maximiser l'impact des monstres sur l'ambiance. Au final, c'est loin d'être le meilleur shooter sur le marché, mais il se classe bien parmi les shooters d'horreur.

Cet été, un roman racontant la genèse de l'Église d'Unitologie sera publié. Je vais surement y jeter un coup d'oeil, surtout qu'il est écrit par Brian Evenson, un auteur d'horreur qui n'en est pas à ses premières armes.

J'ai perdu ma voix

Peter Steele est mort. Le métal gothique a perdu sa voix, et moi aussi. Son chant grave et profond a hanté le début de ma vingtaine et je le retrouve encore avec plaisir. Cependant, comme il le chantait si bien... everything dies...



Leur plus grand succès



Le côté romantique de Peter Steele



Repose en paix, Petrus T. Steele.

Petites danses de macabré

La mort, un sujet incontournable en littérature d'horreur et en littérature tout court. Dans la collection Petites danses de macabré, Claude Bolduc nous présente 13 textes écrits par tout autant d'auteurs provenant de multiples horizons. Tous traitent de la mort, mais chacun avec son point de vue particulier. Il n'y a pas de point mort au recueil, mais certaines nouvelles m'ont marquées plus que d'autres. Les voici.

Reflet de lune, de Jean-François Somain, une histoire pangénérationnelle de créatures mythologiques féroces. Très réussie, malgré un étrange changement de protagoniste en plein milieu.

La photographie, de Raymond Ouimet, une histoire d'amour et d'obsessions sur fond de paradoxe temporel.

Variations pour corde à noeuds et absinthe, de Jean-Luc Geoffroy, se voit décerner le prix WTF avec ce scénario absurde, drôle et prenant. On entre de pleins pieds dans cet univers étrange et inversé. Je vous suggère de faire une pause après la lecture de cette histoire, elle m'a un peu mélangé les neurones et ça m'a pris du temps pour m'adapter au rythme plus terre-à-terre de la nouvelle suivante : Quatre chambres, de Natasha Beaulieu, une histoire qui analyse les facettes de l'humain.

Et le recueil se termine sur Vieille Couvarte, de Stéphane-Albert Boulais, un conte fascinant. Sans contredit le texte le plus fort de Petites danses de Macabré. À lui seul, il vaut le prix d'entrée. Une histoire touchante qui m'a laissé rêveur. Une réussite magistrale.

En ce qui concerne les autres textes de Petites danses de macabré, ils sont tous d'une lecture agréable même si je ne les mentionne pas ici. Cette collection est gagnante sur tous les points, ce qu'on ne peut pas dire de la majorité des anthologies macabres. La francophonie aurait besoin de plus de recueils de cette qualité et de cette originalité.

Les chats aiment le poisson

Vous l'avez deviné, la littérature féline, c'était un poisson d'avril!

Pourtant, il y avait un peu de vrai dans tout ça, parce que les trois textes mis en ligne proviennent de trois romans en préparation.

Le premier vient d'un roman d'horreur mettant en scène une cannibale dépressive.

Le deuxième, d'un roman de science-fantasy se déroulant dans une cité creusée dans un cristal géant.

Le troisième, d'une romance entre des fantômes/zombies, des actrices porno et des informaticiens.

Et maintenant un petit sondage... Lequel de ces textes vous intrigue le plus? Votez en utilisant l'application à droite de la page.

Pas de photo de chats. Plus de photos de chats.

La métaphore du chat et de l'artiste

Le chat "trash"

Voici le dernier extrait de la journée, cette fois quelque chose d'un peu plus décadent.
Assise sur le sofa, Lavender empoigna son téléphone cellulaire rose bonbon et se logua sur son compte Twitter. Elle ne perdait rien pour attendre, cette Erin ! Lavender pianota sur le clavier, examina son œuvre, puis appuya sur le bouton update. Satisfaite, elle déposa son téléphone sur la table de maquillage et se regarda dans le miroir. Heureusement, elle n’aurait pas à se remaquiller pour la scène de l’après-midi. Là au moins elle pourrait s’amuser un peu. C’est certain qu’elle aurait préféré faire une scène avec un mec, mais faute de bite, on broute de la chatte.

Littérature féline de genre

Quand on écrit de la kit-lit, on ne doit pas nécessairement rester confiné à la littérature féline dite générale. On peut aussi donner dans les genres littéraires de l'imaginaire, comme le fantasy. Voici l'extrait d'un autre de mes textes, qui nous montre le chat dans un tout autre contexte. L'extrait explore aussi un aspect important de la personnalité du chat, c'est-à-dire son goût du repos et son sale caractère.

« Une sordide aventure que je viens de vivre », dit avec gravité Lorimier à la boulle de fourrure avachie sur le coin de la table. Il soupira, laissant ses yeux parcourir les échantillons étalés dans les vitrines qui couvraient les murs de son bureau. « Que s’est-il donc passé ce soir Keltor ? Si tu l’avais vue, peut-être aurais-tu pu la reconnaître ? Tout ce que je sais c’est que c’était une femme et qu’elle avait des habits blancs. » Il passa une main dans le pelage de l’animal. « Et pourquoi diable il y a-t-il eu cet effondrement ? La structure semblait inébranlable. » Le chat baya et Lorimier lui fit une dernière caresse, le rassurant en disant : « Bon, d’accord, tu veux dormir. Je dois travailler de toute façon. Ces aventures m’ont creusé l’esprit. »
Lorimier se leva et ouvrit l’une des armoires vitrées. Il en sortit un cristal et le posa sur un comptoir de travail. Pendant plusieurs heures, il l’examina, mesurant les angles de réflexion et de réfraction de différentes couleurs de lumière. Tout était normal. Les résultats étaient similaires à ceux obtenus avec des cristaux provenant de sources différentes. Lorimier nota les nouvelles informations. Plus tard, il pourrait les compiler et les mettre en relation avec des résultats antérieurs.
Alors que Lorimier réajustait le prisme de son dispositif afin d’obtenir une nouvelle longueur d’onde, un feulement attira son attention. Serrant les doigts autour de son tournevis, il tourna lentement la tête afin de découvrir la source de l’irritation de Keltor. Une figure longiligne et blanchâtre se tenait adossée à la porte du laboratoire. Lorimier laissa tomber son outil lorsqu’il réalisa que la femme ne portait pas de cagoule, mais que c’était son visage qui était blanc.

J'aime les chats

Ce matin, je suis fébrile. J'ai beaucoup réfléchi pendant ma dernière nuit blanche et j'ai pris une grande décision. Dorénavant, je n'écrirai plus d'horreur ou de fantastique. Je vais plutôt écrire des faits vécus mettant en vedette des chats. Quoi de plus enrichissant que de raconter de façon lyrique comment le chat se prélasse sur le sofa, son pelage luxuriant brillant au soleil.

Pour bien commencer le tout, je vous présente notre chatte, Toupie-Démone. Elle aura 8 ans le 4 avril, la vieille croute grognarde. Je prévois poster de nouvelles photos d'elle tous les jours et, une fois par semaine, les photos de chats d'un membre de ma famille ou d'un ami.


Pour revenir à l'écriture, voici un extrait de mon prochain roman, qui met en vedette un chat mangeur d'hommes. Évidemment, c'est basé sur un fait vécu. Mise en contexte : Un homme est séquestré dans un sous-sol de banlieue, attaché à une table. C'est à ce moment que le chaton lui rend visite.

Plusieurs minutes après s’être épuisé [de crier et de se débattre], il sentit une douceur humide parcourir ses jambes et s’y blottir. Harold cessa de bouger et tenta de relever la tête pour apercevoir ce qui avait élu domicile entre ses genoux. Repérant un mouvement, la bête marcha entre ses cuisses, puis s’y tapit. C’est dans un éclat de douleur que le plombier vit le chaton lui sauter au visage. À l’atterrissage, la douleur fut si forte qu’un son s’échappa presque de son bâillon, effrayant l’animal qui sauta par terre et se réfugia sous l’établi. L'homme ne vit la créature que plusieurs minutes plus tard, lorsqu’elle approcha de nouveau de son visage pour y ronronner. C’est à ce moment qu’il constata que le chaton, quoique couvert de sang, était blanc. Il s’installa sur la table près du visage de Harold pour faire sa toilette. Au moins, je ne mourrai pas seul, pensa Harold avant de perdre connaissance. Il faisait froid.
Encore une fois, c’est la douleur qui le réveilla. Il ne réalisa pas immédiatement ce qui plantait ces épines dans son abdomen, mais lorsqu’il vit la fourrure blanche, il tenta de crier. Le chat léchait ses plaies de sa langue rugueuse. Harold se tortilla, mais l’animal était absorbé par son repas. Il n’en finissait plus de le lécher et, une fois blasé de la sueur et des croûtes de sang, le chat utilisa ses dents. Harold cria, se convulsa et, après s’être débattu plusieurs minutes sans même faire broncher le chat hypnotisé par la saveur de ses entrailles, il se laissa aller à la douleur.