Comment j'ai écrit Cristal Corpses

Ma recette : 1000 mots par semaine. Pas moins.

C'est facile, pas trop demandant, et ça permet de produire (le premier draft d')un court roman à l'intérieur d'un an ou deux. L'important c'est de ne pas déroger, de ne pas flancher. Au moins 1000 mots par semaine, c'est tout.

Cette recette je la dois à un article publié sur le site web du magazine Cemetery Dance : http://www.cemeterydance.com/page/CDP/WritersColumnTomMonteleone

Évidemment, dans cet article, Monteleone suggère une production journalière (de trois pages), mais pour moi ça ne marchait pas. Alors j'ai trouvé une contrainte réaliste, et voilà ! Cristal Corpses a atteint le compte de 60 000 mots hier soir.

L'ingrédient secret, c'est l'assiduité.

Mes conseils favoris

Les auteurs semblent adorer donner des conseils sur comment écrire. Et les auteurs en puissance adorent lire ces conseils. Voici quelques liens vers des articles, écrits par certains de mes auteurs favoris et qui m'ont particulièrement plut.

Douglas Clegg, en plus d'écrire d'excellents romans d'horreur, entre autres The hour before dark, a été un précurseur dans le marketing web de ses romans. Je parlerai de ce sujet dans un blog futur. Pour l'instant, voici ses conseils concernant l'écriture de nouvelles.

http://www.squidoo.com/writingstories

Tim Waggoner, auteur de Darkness Wakes et de romans de D&D situés dans le monde Eberron, donne trois conseils très pertinents concernant les histoires d'horreur. En bref : attention aux clichés, faire la différence entre déranger et écoeurer le lecteur, et s'assurer que le lecteur se soucie des personnages. Ces deux derniers éléments sont souvent la cause de l'échec de certaines histoires, entre autres au cinéma.

http://www.horror.org/writetips-waggoner.htm

Malheureusement, je voulais inclure un troisième article ici, mais je n'arrive pas à le retrouver. Ce sera pour une prochaine fois !

Top 5 des romans (d'horreur) dérangeants

1 - Les 120 journées de Sodome de D.A.F. de Sade
2 - The girl next door de Jack Ketchum
3 - You come when I call you de Douglas Clegg
4 - Le Vide de Patrick Sénécal
5 - Un automne écarlate, de François Lévesque

Parmi toutes mes lectures, seulement deux livres furent assez hard pour demander que je les pose quelques instants en cours de lecture, et ce sont les deux premiers de la liste.

Il y a bien évidemment d'autres romans très dérangeants (presque tous les romans de Jack Ketchum le sont en fait, et Sade ne laisse pas sa place non plus), mais je me suis concentré sur ceux que je considère comme de l'horreur. Aussi, ce qui dérange est souvent une question de perception, alors vos romans dérangeants ne m'intimideront peut-être même pas !

Il y a certains romans fait-vécu qui font grincer des dents, mais je ne les ai pas inclus. Le seul fait vécu que j'ai inclus est le roman de Ketchum, mais il s'agit réellement d'un roman d'horreur...

You come when I call you n'est pas en soit si dérangeant, mais l'atmosphère y était très lourde et déprimante.

Les sept jours du talion de Sénécal aurait pu être dérangeant, mais comme on ne peut considérer ce roman comme une réussite, ce roman n'atteint pas son objectif.

Mr. Hand de Gary A. Braunbeck abordait aussi des thèmes dérangeant.

Et vous, qu'est-ce qui vous dérange ?

Un automne écarlate, de François Lévesque

Ce roman est littéralement un voyage dans le passé. Comme j'avais approximativement le même âge que le personnage principal dans les années où se roman à lieu, les références culturelles m'ont particulièrement touché. Les films mentionnés dans le livre ont bercé mon enfance pendant les festivals de films d'horreur de TQS (Est-ce que ça s'appelait TQS dans ce temps là ? Ou était-ce à TVA ? Ou à télé-métropole !?). Vampire, vous avez dit vampire est possiblement un des films que j'ai vu le plus souvent (avec Commando, Le dernier des Ninja et Rambo) quand j'avais entre 8 et 12 ans. Alors ce roman, Un automne écarlate, m'a rappelé de bons souvenirs.

Mais ce ne sont pas que de bons souvenirs qu'évoque se roman. En fait c'est un roman très noir qui raconte l'histoire d'un garçon de huit ans, Francis, qui vit des moments très difficiles avec sa mère mono parentale, une méchante Sophie qui lui fait la vie dure à l'école et les meurtres affreux, les uns après les autres, de plusieurs de ses camarades. Au moins, pour se consoler, Françis a toujours ses films d'horreur. C'est quand sa mère tombe amoureuse de leur nouveau voisin que Francis se persuade que ce dernier est un vampire, et qu'il est responsable de tous les meurtres. Le visionnement de Vampire, vous avez dit vampire ? ne fait que confirmer ses soupçons.

Le roman est écrit à la troisième personne du point de vue de Francis et je n'ai observé aucune faille dans les réflexions du jeune garçon qui laissaient croire que le roman était écrit par un adulte, ce qui est une force de ce roman. La conclusion du roman est dérangeante et accomplit beaucoup sur le plan émotionnel. Sans donner trop de détails, la référence au Loup-garou de Londre dans la conclusion était réussie, quoi qu'un peu naïve. Même si, à mon avis, il manquait quelques indices pour mieux justifier la conclusion, le fait que le roman soit écrit du point de vue de Francis permet une telle la approche.

Un automne écarlate est, à mon avis, une réussite sur tous les plans, que ce soit pour faire revivre l'enfance d'un trippeux d'horreur dans les années 80 ou pour faire ressentir au lecteur des émotions désagréables (dans un sens positif pour un roman que je qualifierais d'horreur psychologique). Je crois qu'une suite à ce roman est prévue. J'ai beaucoup d'espoir que plusieurs romans d'horreur psychologique suivront Un automne écarlate. J'ai très hâte de voir ce qui adviendra du petit Francis.

Top 5 des romans d'horreur érotique

1 - Les 120 journées de Sodome de Donatien-Alphonse-François de Sade
2 - Flesh Gothic de Edward Lee
3 - Finishing Touches de Thomas Tessier
4 - Alyss de Patrick Sénécal
5 - Darkness Wakes de Tim Waggoner

Il y a aussi La peau blanche de Joel Champetier qui mérite une mention spéciale...

À cause d'la grippe...

Si j'avais pu suivre mes plans, la première version de Cristal Corpses serait terminée. Si j'avais pu suivre mes plans, mon intro de thèse serait terminée. Mais il y a eu la grippe A/H1N1 d'origine porcine, qui m'a gardé très occupé. Et maintenant, comme je suis serré dans le temps pour ma thèse et que je dois toujours passer la plus claire partie de mon temps à travailler sur la grippe, plus de temps pour l'horreur. Ah, pandémie, quand tu nous tiens...

Cannibale blues ; révision et questions

Ma réviseure favorite viens de me remettre les corrections de Cannibale Blues. Les corrections ne sont pas si pires, je dirais même que c'est beaucoup mieux que ce que je croyais. Mais après discussion sur le fond du texte, je me pose plusieurs questions. J'imagine qu'elles sont normales, mais...

Est-ce que les corrections à effectuer en valent la peine ? Est-ce que l'histoire peut toucher un public assez large ? Est-ce que c'est assez bon pour inciter un lecteur à lire mon second roman ? Est-ce que je serais mieux de terminer et soumettre mon second roman, qui est de mon point de vue plus intéressant et qui touche un plus grand public ?

Cela en devient presque une question de marketing plutôt qu'une question de littérature. Que ce soit publiable n'est pas vraiment la question, car j'ai lu beaucoup de romans moins bons que Cannibale Blues.

Mais y a-t-il un marché québecois pour un roman qui a un public très ciblé ? Plusieurs romans d'horreur, francophones ou en traductions, sont publiés chaque année au Québec et en France. Leur qualités littéraires et horrifiques ne me font aucun doute, mais la plupart de ces romans peuvent être appréciés par un large public, car ils correspondent à ce qu'attend le lecteur d'un roman d'horreur, soit une histoire sanglante ou surnaturelle avec suffisament d'action et de rebondissement pour les tenir en haleine. Ce n'est pas du tout l'esprit de Cannibale Blues.

Si on compare, Cannibale Blues est cousin de La Peau Blanche, de Joel Champetier, publié aux éditions Alire, un excellent roman qui raconte l'histoire d'un jeune homme qui tombe amoureux d'une cannibale. À l'opposé, Cannibale Blues raconte l'histoire d'une femme cannibale sur qui le destin s'acharne et qui s'enfonce dans les affres d'une dépression meurtrière. Il y a suffisament de sexe et de sang pour intéresser le lecteur jusqu'à la fin. Là n'est pas le problème. Je crois surtout qu'un roman d'horreur où qui n'a pas de méchant clair peut être difficile à accepter.

Deux de mes lecteurs m'ont dit qu'ils avaient aimé le roman, mais que ce n'était vraiment pas le style d'histoire qu'ils recherchaient. Et encore ! S'ils se retrouvaient en librairie devant un deuxième roman du même auteur, ils hésiteraient avant de le lire. Pas que ce n'était pas bon, disent-ils, mais plutôt que ce n'est pas du tout leur style. Trop gris...

Y a-t-il un marché pour ce type de littérature au Québec ? Est-ce sage de s'y faire connaitre avec ce genre de texte ?

Le marché du livre d'horreur anglophone a une particularité que l'on ne trouve pas au Québec. Quelques maisons d'éditions assez underground publient à petit tirage des romans/nouvelles plus extrêmes et underground que ceux des grandes maisons d'éditions. Idéalement, c'est dans un contexte comme ça que Cannibale Blues devrait être publié. Ciblé sur un public restreint et précis.

Alors quoi faire ? Graver le texte sur un CD, mettre le CD dans un tirroir en attendant d'être une star ? Faire les corrections nécessaire, soumettre le texte et attendre ? Rétrécir le texte pour en faire une nouvelle et le soumettre à des magazines d'horreur ?

Comme on dit par chez nous, yé fourré l'chevreuil.